Pour notre armée de demain !

Le 14 juillet dernier, le champion du monde de jet-ski français, Franky Zapata, a offert un merveilleux spectacle futuriste lors du défilé pour la Fête nationale française. À plusieurs dizaines de mètres au-dessus du sol, il a en effet survolé les Champs-Élysées sur son « Flyboard Air », un engin de son invention. Sa prestation face à la tribune officielle, où se trouvait entre autres Emmanuel Macron en compagnie de chefs d’État, a surpris le public et les invités étrangers.
L’engin, machine volante autonome alimentée en kérosène, est doté de cinq mini turboréacteurs qui lui permettent de décoller et de se déplacer jusqu’à 190 km/h, avec une autonomie d’une dizaine de minutes seulement.
Franky Zapatase confie ensuite lors d’une interview sur son ressenti et sur le danger qu’il aurait pu encourir là-haut. « Tous les engins qui démarrent avec un turboréacteur ne sont jamais sûrs à 100 %, il peut toujours y avoir une défaillance, même si c’est extrêmement rare. On espérait simplement que ça n’arrive pas ce jour-là. On était assez stressés » explique-t-il. « J’étais extrêmement heureux et fier d’être là », a également déclaré Franky Zapata. « L’homme volant », a tenté de relever un nouveau défi le 25 juillet : la traversée de la Manche entre Sangatte et les côtes anglaises.
Il a quitté la plage de Sangatte, près de Calais, à 9h05, et devait rallier Douvres en Angleterre à plus de 100 km/h et à presque vingt mètres de la surface.
Alors qu’il tentait de se poser sur une plateforme pour ravitailler son engin en kérosène, il a malheureusement chuté. Il n’a pas été blessé et a été récupéré conscient, l’équipe ayant évidemment pris la précaution de l’équiper d’un gilet de sauvetage. Il n’aurait pas été blessé et a été récupéré conscient, l’équipe ayant évidemment pris la précaution de l’équiper d’un gilet de sauvetage.
Il s’agissait d’une opération extrêmement délicate, que le pilote appréhendait déjà avant son décollage. Il redoutait la houle qui pouvait le déséquilibrer lors de son atterrissage, rendant celui-ci bien plus complexe. D’autant plus que la plateforme en question mesurait à peine 1m². A l’arrivée, ce n’est pas le vent mais ses conséquences qui auraient causé l’échec de l’atterrissage, à « quelques centimètres » près. C’est le balancement de la plateforme qui a suffi à le déséquilibrer
Dés le 4 août suivant, Franky Zapata tentait une nouvelle traversée. Pour maximiser ses chances de succès, un bateau beaucoup plus grand et plus stable avait été déployé entre la France et le Royaume-Uni pour éviter l’effet de houle.
À sa seconde tentative, « l’homme volant » Franky Zapata a réussi, l’exploit de traverser la Manche, debout sur son « Flyboard Air », en une vingtaine de minutes. Cela après une courte halte à mi-chemin pour ravitailler sa machine volante en kérosène.
Le Marseillais de 40 ans avait décollé vers 8h15 heure locale de la plage de Sangatte dans un vrombissement assourdissant et sous les yeux de plusieurs centaines de curieux, dix jours après son premier échec.
Casqué et harnaché, tout de noir vêtu, il s’est envolé vers St Margaret’s Bay côté anglais, qu’il a réussi à atteindre en une vingtaine de minutes en survolant la mer à 15 ou 20 m de hauteur. Cette fois, il s’est « posé facilement sur le bateau, il a changé son sac à dos et est reparti », a indiqué son épouse Krystel.
Il s’est posé côté britannique après avoir parcouru les 35 km de détroit debout sur sa machine volante.
Une technologie qui intéresse l’armée française qui s’est rapprochée de Zapata Industries. Après une démonstration du Flyboard Air aux forces spéciales françaises, en novembre 2018, la situation se décante. Le ministère des Armées, via la Direction Générale de l’Armement, a investi alors 1,3 millions d’euros pour améliorer le Flyboard Air, avec possiblement en tête l’idée d’utiliser dans les années à venir cette technologie à des fins militaires. « L’armée française s’intéresse à tout ce qui peut émerger en termes de nouvelles technologies pour voir quelles applications on peut en ressortir sur le champ de bataille », indique Romain Mielcarek, journaliste indépendant spécialiste des questions de défense. Ici, plusieurs applications militaires de cette technologie semblent envisageables au premier abord, comme l’explique le général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset, directeur de recherche à l’Iris (Institut de relations internationales et stratégiques),: « Entre autres utilités, (cet appareil) permet de déplacer rapidement un fantassin avec des équipements sur des courtes distances et dans ce qu’on appelle le ‘combat embarqué’ – le combat à pied ». Le Flyboard pourrait aussi servir dans des situations de « combat urbain ». « Il servirait à monter sur ou dans un bâtiment », explique Romain Mielcarek. « Si vous êtes dans une ville, plutôt que de devoir grimper 10 étages par l’escalier avec autant d’angles morts, vous pouvez tout de suite monter très vite à n’importe quel niveau du bâtiment. »